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Lecture : Les cartes des pratiques narratives de Michael White : un guide pour transformer les histoires de vie

carnet ouvert avec un main qui tient un stylo et qui ecrit Tell your Story

Michael White, cofondateur de l'approche narrative en thérapie, a contribué de manière significative à repenser la manière dont les individus comprennent et interagissent avec leur propre histoire de vie. Son ouvrage "Les Cartes des Pratiques Narratives" (Maps of Narrative Practice) propose un ensemble d’outils conceptuels que les thérapeutes peuvent utiliser pour accompagner leurs patients dans le processus de redéfinition et de transformation des récits qui influencent leur identité et leurs expériences. Cet article explore les idées centrales de l’ouvrage et illustre comment ces "cartes" peuvent être utilisées dans la pratique thérapeutique avec un exemple concret.


Les fondements de l’approche narrative

L'approche narrative repose sur l'idée que notre identité est façonnée par les histoires que nous racontons à propos de nous-mêmes. Ces histoires ne sont pas simplement des descriptions de la réalité, mais elles organisent et donnent un sens à nos expériences. Elles peuvent, cependant, être limitées par les discours dominants ou des événements difficiles, enfermant ainsi les individus dans des récits qui ne reflètent pas nécessairement toutes les nuances de leur vie.


Michael White croyait que l’histoire d’une personne n’est jamais figée, mais qu’elle peut être déconstruite et réécrite à travers la thérapie. En utilisant les "cartes", un thérapeute aide l’individu à "externaliser" les problèmes, c'est-à-dire à les séparer de l’identité de la personne, et à explorer des aspects souvent négligés ou ignorés de leur vécu. Cette approche permet de découvrir des récits alternatifs, plus riches, qui offrent de nouvelles perspectives sur la façon dont la personne se voit et interagit avec son environnement.


Les cartes narratives : un cadre pour la transformation

Michael White introduit plusieurs cartes conceptuelles, chacune correspondant à une étape spécifique du processus de déconstruction et de reconstruction du récit personnel. Voici un aperçu des principales cartes et de leur utilité.


Externalisation

Cette carte aide les individus à voir leurs problèmes comme extérieurs à eux-mêmes, ce qui les empêche de se définir par leurs difficultés. Par exemple, plutôt que de dire "Je suis déprimé", une personne pourrait dire "La dépression m’affecte", créant ainsi une distance qui facilite l’exploration de nouvelles façons de réagir au problème.


Déconstruction

Le processus de déconstruction consiste à analyser les histoires dominantes ou restrictives qui contrôlent la manière dont une personne voit sa vie. Le thérapeute aide à remettre en question les vérités implicites qui semblent rigides et inaltérables dans ces récits, ouvrant ainsi la voie à des récits alternatifs.


Re-authoring (Réécriture)

La réécriture permet aux personnes de créer des récits alternatifs à partir de moments et de valeurs négligés dans leur vie. Cela les aide à se reconnecter avec des expériences positives ou significatives qui ne sont pas toujours prises en compte dans leur récit dominant.


Célébration des moments exceptionnels

Les moments exceptionnels sont des événements ou des expériences qui contredisent le récit dominant d’une personne. Les cartes narratives aident à identifier ces moments pour démontrer qu'il existe des exceptions à la règle dominante et qu'une vie plus riche de possibilités est déjà en marche.


Exemple d’utilisation des cartes : le cas de Jean

Jean, un homme de 45 ans, consulte un thérapeute parce qu’il se sent incapable de réussir dans sa carrière, affirmant qu'il est "un échec professionnel". Ce récit domine sa perception de lui-même et influence ses actions, notamment une baisse de motivation et des comportements d’auto-sabotage.


Externalisation

Le thérapeute commence par externaliser le problème en aidant Jean à séparer son identité de cette histoire d’échec. Au lieu de dire "Je suis un échec", Jean reformule son expérience en disant : "L'idée de l’échec a pris beaucoup de place dans ma vie". Cela crée une distance entre Jean et le problème, permettant d’examiner comment cette idée a été renforcée dans sa vie.


Déconstruction

Le thérapeute et Jean décomposent ensuite les origines de ce récit. Jean explore comment cette idée d’échec a émergé, notamment à travers des critiques sévères de ses anciens supérieurs et des comparaisons avec ses pairs. Ils analysent également comment la société valorise des indicateurs de succès particuliers, comme l’avancement rapide dans une carrière. Cette prise de conscience permet à Jean de comprendre que son récit est partiellement façonné par des normes extérieures et non seulement par sa propre valeur.


Réécriture

Ensuite, le thérapeute invite Jean à explorer des moments de sa vie qui ne s’inscrivent pas dans cette histoire d’échec. Jean se rappelle un projet personnel auquel il a consacré beaucoup de temps et qui a eu un impact positif sur son entourage. Ce projet, bien qu’il n’ait pas été professionnel, montre qu'il a des compétences et qu’il a su apporter de la valeur à ceux qui l’entourent. Ensemble, ils réécrivent une nouvelle version de l’histoire de Jean, où il se voit comme quelqu’un qui a la capacité d’atteindre ses objectifs, en dépit de certaines difficultés rencontrées.


Moments exceptionnels

Enfin, ils explorent des moments où Jean a contredit son récit dominant. En plus de son projet personnel, Jean identifie plusieurs occasions dans lesquelles il a été apprécié et reconnu par ses collègues. Ces événements, bien que passés inaperçus auparavant, sont des preuves que le récit de l’échec n’est pas une vérité absolue.


Les cartes des pratiques narratives de Michael White offrent un cadre pour aider les individus à réexaminer et réécrire les récits qui façonnent leur vie. En externalisant les problèmes, en déconstruisant les récits dominants, et en explorant des histoires alternatives, les personnes peuvent se libérer des contraintes narratives qui influencent négativement leur vie. Dans l’exemple de Jean, l’utilisation de ces cartes lui permet de transformer son récit d’échec en une histoire plus nuancée, pleine de possibilités et de succès oubliés.

Grâce à ces outils, les praticiens peuvent accompagner leurs patients dans un processus d’autonomisation narrative, les aidant ainsi à redécouvrir leurs compétences et leur potentiel.


un enfant qui écrit sur un ordinateur tout ce qui lui passe par la tête et sur le mur sont dessinées toutes les idées et les chemins qu'il emprunte, cela évoque le fait de raconter son histoire

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